Exposition du 25 mars au 4 juin 2016
Prolongation jusqu'au 12 août 2016
Visites commentées les mercredis après midi à 15h : les 6, 13, 20 et 27 juillet, le 3 Aout 2016
-
Stephen Marsden, Big Policeman, 1998 Ciment, 40 x 93 x 85 cm largeur
© S. Marsden / Collection FRAC Limousin -
Stephen Marsden, Pietà, 1999 Ciment blance, 40 x 75 x 65 cm
-
Stephen Marsden, Hot End, 2004 Résine polyester, peinture acrylique, 75 cm largeur
-
Stephen Marsden, Gadget, 2010-2012 Résine polyester, fibre de verre, peinture polyuréthane, 350 x 130 x 130 cm
Photo: Luc Jennepin / Production Montpellier Agglomération
Cliquer sur les images pour les agrandir
Ecoutez la Chronique radiophonique CINQ/25 (réseau art contemporain en Limousin) : ici
autour de la sculpture "Dem Bones" de Stephen Marsden, produite au CRAFT, dialogue entre l'artiste Stephen Marsden et Gérard Borde, le directeur technique du CRAFT (Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre).
Merci à Beaub FM.
Au printemps 2016, le FRAC-Artothèque du Limousin présente une exposition personnelle consacrée au sculpteur Stephen Marsden.
Né à Sheffield en 1962 et formé en Angleterre à la sculpture de plein air, l’artiste a séjourné aux Etats-Unis, puis au Japon, et s’est installé en France au début des années quatre-vingt-dix. Familier du FRAC Limousin qui a commencé à collectionner ses œuvres depuis 2003, l’artiste a montré certaines de ses sculptures dans des expositions thématiques. On se souvient de l’exposition collective « Pièges de l’amour » (été 2004) qui, à son initiative, réunissait des œuvres d’Anita Molinero, Richard Fauguet, Richard Monnier et Philippe Poupet.
L’exposition « Untied States » propose de suivre pas à pas l’itinéraire créatif de l’artiste à travers une sélection d’œuvres marquantes des vingt-cinq dernières années.
Certaines, disparues, sont évoquées par la présentation de tirages photographiques réalisés par Marsden lui-même lors de son séjour aux Etats-Unis. On y perçoit une approche hybride et « déductive » de la sculpture liée à la fois au contexte de création et aux propriétés des matériaux. D’autres, parfois monumentales, sont issues de répertoires d’objets culturels (jouets, bibelots, préservatifs, statuettes, ...) ou de curiosités naturelles que l’artiste collectionne et qu’il « neutralise » d’abord sous formes d’épreuves en plâtre rangées selon un ordre précis (il nomme ces œuvres Biblioutil).
A partir de ces réservoirs de formes, Marsden agrandit méticuleusement les formes retenues par étapes successives (modelage, moulage, puis tirage) pour atteindre une transposition spatiale et matérielle souvent spectaculaire.
Les matériaux choisis (plâtre, ciment estampé, résine polyester,...) agissent comme des révélateurs, des substituts souvent très séduisants qui mettent en évidence les détails de leur propre fabrication.
Les sculptures de Stephen Marsden sont parfois composites dans leurs sources et pourtant homogènes dans leur résultat. Comparables au photomontage qui, par le tirage ou l’impression, unifie des images hétérogènes, certaines œuvres de l’artiste associent des formes d’origine et de taille différentes. Le sculpteur est alors un ajusteur au millimètre près.
La dimension autobiographique est également présente dans le travail de l’artiste. Il précise :
« Chez moi, beaucoup d’œuvres commencent à partir d’objets liés aux évènements de ma vie. Tout comme d’autres gens, j’imagine, ma vie est le sujet de mon travail. Ma vie est une série d’évènements qui se sont déroulés de façon non linéaire puisque je revis certaines choses dans mon imaginaire. L’impression de revivre ces passages marquants me fournit l’énergie pour la production de mes œuvres...On pense aussi que l’anecdote n’est pas très importante. On lui accorde donc une moindre échelle. Mais en ceci, l’anecdote ressemble beaucoup à une maquette pour la sculpture, quelque chose de petit qui est agrandi par la suite plus ou moins fidèlement, comme on a tendance à se souvenir des évènements plus ou moins fidèlement ».
L’exposition « Untied States » qu’on peut traduire par « Etats déliés » ou mieux « Etats désunis » est l’occasion d’examiner en détail la production récente de Marsden. Les nouvelles sources formelles de l’artiste y sont présentées pour la première fois (Biblioutil 3) et mettent en évidence les nouvelles directions de sa recherche plastique. Le sexe et la violence, le pouvoir et la guerre, la mort et la féminité sont ses thèmes de prédilection dont il s’empare avec humour et gravité, toujours à la recherche de solutions plastiques renouvelées.
Même si l’exposition n’est pas tout à fait chronologique dans son parcours, des lignes de force se dégagent. Ainsi, les premières œuvres réalisées aux Etats-Unis qui par leur dimension sont proches de l’installation trouvent un écho dans les toutes récentes Dem Bones en plâtre et en faïence. On observe également l’attention de Marsden aux détails dans des œuvres anciennes comme Shelf Piece qui agrandit un motif déjà contenu dans la cornière métallique, ou dans Hommage à Hamish Krapuk qui à partir d’un porte-avion miniature en plâtre déploie une onde sur le sol. On trouve déjà dans Locomotive un procédé assez proche, comme si l’énergie de la sculpture consistait en l’accumulation de modèles réduits.
Des face-à-face permettent également de créer des comparaisons entre sculptures et des ambiances très marquantes. Ainsi, le vis-à-vis entre l’onde blanche sur le sol de Hommage à H.K. et l’élégance vertigineuse de Gadget met en évidence la recherche d’une forme parfaite pour la sculpture. Les « sculpture-tas» de la salle suivante sont une réflexion sur le socle et la base de la sculpture et suggèrent une actualisation particulièrement efficace de la vanité. Plus loin, des œuvres taillées de plus ou moins grand format montrent le soin accordé par l’artiste au choix des pierres et autres matériaux (polystyrène, platre recouvert de feuille d’or) et forment une lithothèque particulièrement délicate. La dernière salle est un hommage à la femme où les couleurs rose et verte joue un rôle essentiel. On y croise tout autant le primitivisme préhistorique que l’esprit de René Magritte ou de Meret Oppenheim.
Au cœur de l’exposition, dans la petite salle blanche, le répertoire de maquettes de recherche de l’artiste des douze années passées est présenté sur une vaste étagère. Autour de Bibloutil 3, une très longue double frise de copies extraites des carnets de travail de l’artiste montre son itinéraire sculptural et géographique depuis plus de trente ans. Des études de sculptures, fragments d’architecture, esquisses pour des projets en plein air, voyages en Inde, au Japon, aux USA, des notes de lecture, le cheminement plastique de Marsden est donné à voir. Dans une ambiance proche de l’atelier, on saisit l’ampleur et la précision de la démarche.
Que Stephen Marsden soit remercié pour nous avoir permis d’avoir accès à ses secrets les plus intimes
Yannick Miloux, directeur artistique du FRAC-Artothèque du Limousin