collections du FRAC et de l'Artothèque Limousin
Chapelle Saint Libéral
Rue de Corrèze, Brive
Vernissage mardi 19 mai 2015 à 18h
Exposition du 13 mai au 28 juin 2015
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Peter A. Hutchinson, Berlin-Aruba, 1992 Photographies couleurs, craies grasses, 141 x 102 cm Collection FRAC Limousin / © P. A. Hutchinson
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Richard Marti-Vives, Recyclable,01/2006 Acrylique sur toile Collection FRAC Limousin / © R. Marti-Vives
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Jean-Pierre Ulhen, Sans titre, 2000 Bois, fer, 13 x 35 x 51 cm Collection FRAC Limousin / © Adagp, Paris
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Bill Culbert, Sunlamp, 1989 Photographie couleur, 150 x 100 cm
Collection FRAC Limousin / © B. Culbert -
Scoli Acosta, Une coccinelle dans son environnement naturel, 2008 Photographie, 23,5 x 31 cm
Collection Artothèque du Limousin / © S. Acosta
Exposition réalisée avec la participation des élèves de 1ère Histoire des Arts du Lycée d’Arsonval
Au thème retenu durant l'année scolaire 2014-2015, l'utopie, nous avons voulu répondre de façon concrète en montrant une sélection de maquettes et d'œuvres évoquant le recyclage et le détournement d'objets que certains artistes de générations différentes ont pu produire ces quarante dernières années.
A travers ce choix où l'on trouve de nombreuses photographies, des sculptures de tailles différentes qui vont de la maquette au fragment de mur à l'échelle 1/1, une peinture et une œuvre en vitrine, nous souhaitons plonger le visiteur dans une exposition pleine de détails où l'attention est vivement requise.
L'ensemble d'œuvres de Peter A. Hutchinson (né en 1932 à Londres, vit à Provincetown, USA) présenté au cœur de l'exposition est très représentatif de la démarche de cet artiste considéré aujourd'hui comme une figure historique.
L'œuvre-vitrine intitulée « Megalopolis » est une collection d'images et d'objets que l'artiste a mis vingt ans à rassembler, de 1976 à 1996. S'y trouvent agencés à la manière d'un vivarium des photographies, des pierres, des mousses, des fioles remplies de liquides colorés qui évoquent une ville du futur où les liens entre les plantes sont la base de l'organisation urbaine. Autour, des collages photographiques en damiers mélangent des images venant des antipodes (Berlin/Aruba, Giverny/Alpes Françaises) et un montage photographique restitue une plantation de crocus et une ligne de charbon que l'artiste a réalisées en extérieur en 1989.
On dit que le jardin de Peter Hutchinson à Princetown est son chef d'œuvre.
Né en 1935 en Nouvelle Zélande, Bill Culbert est venu à Londres très jeune. D'abord peintre à succès, il s'est ensuite tourné vers la sculpture et la photographie. Résidant à Londres et dans le Lubéron, il a trouvé près de Saint Saturnin d'Apt une décharge publique qui lui a procuré une matière première abondante pour, par exemple, fabriquer des chaises (Chairs, 1986) ou transformer des objets en les faisant traverser par la lumière. Cette lampe solaire a été opportunément obtenue en posant un assemblage de cornière métallique et de lampes vétustes sur un muret, en cadrant précisément l'image pour inscrire la ligne d'horizon à mi-hauteur, en attendant que le coucher du soleil fasse le reste.
Richard Marti-Vivès est né en 1954 et vit à Paris. Il est gardien de musée et peintre le reste du temps.
Son programme pictural repose surtout sur des effets optiques obtenus à partir de pictogrammes et de logotypes modifiés. Ici, il redouble et recrypte le logo de la double flèche circulaire du recyclage sur un fond bleu. Le redoublement de la forme circulaire est un moyen de nous hypnotiser et de créer une sensation visuelle de relief.
Né à Mulhouse en 1959, Jean-Pierre Uhlen est venu s'installer en Limousin où il mène un travail de sculpteur scénographe. L'ensemble de maquettes réalisées au début des années 2000 permet grâce à sa variété et à sa diversité de bien saisir les préoccupations de l'artiste à cette époque. Chaque sculpture réfléchit à requalifier un espace urbain. On y trouve aussi bien un abribus qu'une terrasse avec rambarde pour un discours potentiel, des espaces domestiques et des études de tissu urbain ou de façade d'immeuble. On notera la présence récurrente du texte et de l'image dans ces études, et l'usage fréquent de la couleur orange qui est aussi celle de l'antirouille.
Exactement contemporaine, l'américaine Jessica Stockholder a effectué un parcours sans faute sur la scène internationale. Son œuvre est très connue pour de grandes installations constituée de stocks d'objets de toutes sortes assemblés et généralement en partie repeints. A mi-chemin entre sculpture et peinture, son œuvre s'inscrit comme un prolongement dynamique de l'héritage moderne de l'assemblage et de l'expressionnisme abstrait. L'œuvre présentée, de dimension mobiliaire, propose comme toute sculpture, de multiples points de vue. Ici, ils sont accentués par des effets de matière peinte, de répétition ornementale, et prolongés ailleurs par un rétroviseur.
Miguel Palma, né en 1964, est un artiste portugais déjà bien connu dans son pays pour son sens très ingénieux de la sculpture. Collectionneur de jouets, de maquettes et d'objets de toute sorte, l'artiste développe sa recherche en réparant et détournant certains objets pour renouveler leur pouvoir évocateur. A partir d'une très belle lampe en forme de globe terrestre, l'artiste a imaginé cette maquette auto-éclairante de belle dimension. Sur un socle haut qui oblige à regarder en contre plongée et qui reprend le dessin simplifié d'un pylône, l'artiste a réalisé une maquette de plateforme pétrolière qui domine le globe terrestre.
Scoli Acosta, né en 1973, est le plus jeune artiste de l'exposition. Les deux photographies et la sculpture sonore présentées datent de la même période, celle de son retour en Californie après un long séjour en Europe. Son œuvre pluridisciplinaire se développe souvent à partir de l'observation de détails relevés par la photographie. Ainsi, « Une coccinelle dans son environnement naturel » montre de face la partie avant de la célèbre voiture comme enseveli sous une végétation luxuriante. Ailleurs, une pierre d'angle est un cadrage centré sur un fragment de mur de briques trouvé en bord de mer au mileu des galets. Par érosion, la nature a produit cette forme organique et c'est ce type d'objet qui va déclencher chez l'artiste l'envie de raconter une fable en dessinant, en peignant ou assemblant et en modifiant des objets. Des restes de la même maison, Acosta va prélever un morceau de mur en bois lamellé qui, découpé et transformé, servira de socle pour un vase de capsules vivement colorées et de caisse de résonance pour la part sonore de la sculpture. Même l'alimentation électrique de l'œuvre devient une possibilité plastique.
La mise en relation de ces différentes œuvres au sein de l'exposition provoque certaines réflexions, sur l'échelle et les matériaux, par exemple, sur l'évolution des techniques d'assemblage qui sont, on le sait, une des caractéristiques de l'art du XXème siècle. On pourra utilement s'intéresser à la façon dont les artistes utilisent la photographie au sein de leur démarche, comme document, comme enregistrement d'une action temporaire (Hutchinson, Uhlen), ou comme un indice visuel cadré dans le paysage (Acosta) qui ouvre la voie à l'imagination.
Yannick Miloux, avril 2015