2014 - Persona - Autofigurations, doubles, masques et fictions autobiographiques.

Exposition du 28 juin au 31 octobre 2014

Vernissage vendredi 27 juin 2014 à 11h30

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  • Allen Ruppersberg,Self Portrait and Sculpture (détail), 1985 – 1992 Installation au sol, boite en carton, feuilles découpées et 32 têtes en ciment
    Dimensions variables Collection FRAC Limousin © A. Ruppersberg
  • Gilbert & George,Calvin Street, 1982, 1982 Ensemble de 16 photographies couleur,feuille d'or, 240 x 200 cm
    Collection FRAC Limousin © Gilbert & George
  • Richard Hamilton,Sign, 1975 3 plaques émaillées sur acier, Collection FRAC Limousin ©Adagp, Paris
  • William Wegman,Reading Two Books, 1971 Photographie noir et blanc, 28,8 x 26,5 cm
    Collection FRAC Limousin © William Wegman
  • Cindy Sherman,Sans titre (n°142), 1985 Photographie cibachrome, 126 x 183 cm Collection FRAC Limousin © Cindy Sherman

Commissariat : Natacha Pugnet

Boris Achour, Pilar Albarracin, Joël Bartoloméo, Vanessa Beecroft, Stéphane Bérard, Christian Boltanski, Édouard Boyer, Sophie Calle, Maurizio Cattelan, Claude Closky, François Curlet, Ernest T., Daniel Firman, Maïder Fortuné, General Idea, Gilbert & George, Richard Hamilton, Douglas Huebler, Michel Journiac, Urs Lüthi, Joachim Mogarra, Steven Pippin, Ugo Rondinone, Allen Ruppersberg, Dorothée Selz, Cindy Sherman, Vibeke Tandberg, Taroop & Glabel, Patrick Van Caeckenbergh, Vedovamazzei, William Wegman.


> La conférence de Natacha Pugnet prévue le 20 octobre est annulée.

Berard FRAC Limousin2En remplacement, nous invitons l'artiste Stéphane Bérard le lendemain, mardi 21 octobre :
de 16h30 à 17h30 conférence / rencontre à l'ENSA, Limoges
de 18h30 à 19h30, lecture de l'exposition « Persona » au FRAC Limousin.

Stéphane Bérard, né en 1968 à Lille, vit à Paris. A la fois plasticien, musicien, réalisateur, écrivain, chanteur et designer, Stéphane Bérard est de ces artistes qui s'ingénient à n'être pas là où on les attend, ou plutôt juste à côté, développant un esprit critique aiguisé et un humour non dissimulé.
Trois de ses œuvres sont présentées dans l'exposition « Persona » :
les deux photographies « Avec Bernard Blistène » 1994, sorte de « selfie » avant l'heure,
et « Ambiguity »1996 où l'artiste s'improvise en travesti du dimanche;
et surtout l'incroyable « Retour », œuvre qui a eu une première existence en tant que photographie - elle s'intitulait alors « Rite de passage au marché privé » - et que l'artiste souhaite depuis 2011 présenter emballée et qu'il a rebaptisée « Retour ».
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Dans l’exposition « Le Grand Tout » qui marqua l’an dernier les trente ans du FRAC Limousin, plusieurs autoportraits photographiques restent en mémoire. Ceux historiques de Michel Journiac et d’Urs Lüthi, habituellement associées à l’art corporel (ou « body art ») des années 70, et ceux plus récents d’Ugo Rondinone, autoportraits retouchés numériquement pour rendre toute identification de genre impossible. C’est précisément ce thème de l’autoportrait et de ses variations — mise en scène de soi, jeux de rôles, personnages, voire pseudonymes — dans la collection du FRAC Limousin qu’explore l’exposition « Persona ».

Nous avons confié cette enquête à Natacha Pugnet, docteur en sciences de l’art et auteur de nombreux textes sur ces questions. Dans des travaux antérieurs, elle s’est consacrée d’abord à l’effacement de la figure de l’artiste durant les années 70 puis à sa réapparition parfois outrancière depuis les années 90 (1). Ses recherches ont fait l’objet de nombreux articles et publications et elle a organisé plusieurs colloques à ce sujet (2).

Pour analyser en profondeur la collection du FRAC Limousin, elle s’est appuyée sur la définition polysémique du mot PERSONA :
Tiré du théâtre grec et romain, ce terme désigne à la fois le masque de l’acteur et, par extension, le rôle, le caractère, le personnage. Il donnera plus tard le mot personnalité.
PERSONA est également un célèbre film d’Ingmar Bergman, datant de 1966, qui traite de l’identité, du double et des masques sociaux.

Le cheminement de pensée de la commissaire s’est organisé selon trois axes de recherche — l’autoportrait, la pseudo-autobiographie et le nom propre associé à la signature détournée, avec les porosités que ces regroupements supposent — qui lui permettent de sonder la présence de l’artiste en tant qu’auteur, représentation de soi (jusqu’au pseudonyme ou à la marque) et incarnation de personnages.
L’autoportrait est un genre classique qui, depuis le mythe de Narcisse jusqu’à Nicolas Poussin, a donné des œuvres célèbres car souvent très évocatrices. A la suite de Rembrandt, certains pratiquent l’autofiguration de manière récurrente :
Urs Lüthi s’est régulièrement photographié vieillissant, le corps de Patrick Van Caeckenberg apparaît souvent dans ses œuvres comme matière première, Ugo Rondinone s’utilise comme modèle, Gilbert & George comme témoins de leur époque.
Allen Ruppersberg, jouant sur les paradoxes, multiplie la découpe de son profil et l’environne d’une série de 32 têtes de mannequins en béton moulé.
Chez Douglas Huebler, la pseudo-ressemblance et le hasard sont éprouvés par la photographie et le discours qui la légende.
Vibeke Tandberg s’autoreprésente par morphing sous les traits de ses amis.
Maurizio Catellan fait réaliser par la police cinquante portraits-robots d’après description par des amis ou relations. Ces autoportraits-robots seront ensuite transférés sur celluloïd.
Entre 2002 et 2010, à partir d’une photographie de lui-même âgé de trois ans, Edouard Boyer anticipe infographiquement son vieillissement, à rebours des diktats de l’apparence.
En 2010, toujours à partir de la même image envoyée par Internet en Chine, il fait réaliser à la main une série de 44 peintures. Elles sont trés similaires et cependant légèrement différentes. La figure de l’artiste devient une fiction, un leurre.

L’autofiction apparue dans les années 70, notamment en France dans les œuvres de Christian Boltanski, de Dorothée Selz et de Sophie Calle, fut souvent englobée sous le terme de « mythologies quotidiennes ». Chez l’Américain William Wegman, le passage de la mise en scène clownesque de lui-même à celle de son chien « Man Ray » le rendit célèbre. Claude Closky, Joachim Mogarra, Joël Bartoloméo, dont les œuvres émergèrent dans les années 90, appartiennent à cette même filiation qui pousse l’exploration de la vie quotidienne jusqu’à l’absurde. La pseudo-autobiographie ou biographie comme fiction, inventée de toutes pièces, a de beaux jours devant elle sur les réseaux sociaux.

Pour ce qui est du masque et de ses avatars, grotesque, autocaricature, déguisement, etc…, la catégorie apparaît à la fois très ancienne – depuis l’époque grecque et romaine, on l’a dit – et extrêmement ouverte.
Le faux visage qui coiffe la sculpture en forme de bouquet d’objets de Daniel Firman évoque les effets spéciaux du cinéma.
Cindy Sherman incarne à chaque prise de vue un nouveau personnage extrait de l’univers du cinéma, de la peinture d’histoire, de l’art moderne, de la publicité, des clichés touristiques, etc.

Entre pseudonyme et signature détournée, le jeu sur le nom propre est un contrepoint au thème de l’exposition.
Les trois plaques émaillées publicitaires de Richard Hamilton pour une exposition dans un bar à Cadaquès en 1975 (3) restent un sommet du genre, bientôt prolongées par le cendrier et la carafe d’eau en 1978 et 1979.
Les produits dérivés du collectif canadien General Idea caricaturent le devenir commercial de l’art et la culture du divertissement. Leur tableau Copyright (1987) n’est qu’une toile de jean customisée par un logotype, signe de protection du droit d’auteur.

Les « peintures nulles » d’Ernest T. sont des simulacres anti-expressifs qui rejouent, anonymement et à l’infini, la peinture puriste et radicale. Variations mathématiques d’un pseudonyme devenu logotype, ces tableaux montrent, s’il le fallait, que l’objet d’art est souvent seulement apprécié pour la célébrité de son auteur.
C’est également un jeu troublant qui s’exerce dans cette plaque émaillée publicitaire qui vante le nom d’un artiste, Curlet. Son design graphique reprend celui d’une ligne de supermarchés belges. Tiré à 10 exemplaires, il a permis de financer le premier catalogue de l’artiste.

Concluant l’essai qui accompagne cette exposition, Natacha Pugnet précise :
« Réinventer sa vie, modeler sa personnalité ou plus simplement manipuler son image évitent à l’artiste de se laisser réduire aux diverses projections dont il est l’objet, aujourd’hui encore. Perçu comme marginal, génie, opportuniste ou bien même comme escroc, sa condition se trouve ramenée à quelques clichés fantasmatiques dont il lui arrive, en retour, de jouer. »

Merci à Natacha Pugnet d’avoir exploré avec grande acuité ce qui fonde un des axes importants de notre collection.

Yannick Miloux


(1) Dans son premier livre, Figures d’artistes, publié en 2008 aux éditions Archibooks, elle s’entretient avec quatorze artistes de générations différentes (dont Edouard Boyer, Pierre Buraglio, Ernest T. / Taroop & Glabel, Christian Jaccard, Lefevre Jean Claude, Niele Toroni, Claude Viallat, qui font partie de la collection du FRAC Limousin) autour des questions de la subjectivité affirmée et de la distanciation, de la biographie et des identités rêvées, recomposées ou falsifiées.
En 2012, fut publié L’effacement de l’artiste aux éditions de La Lettre Volée où elle analyse, à partir de la thèse de la « mort de l’auteur » défendue par Roland Barthes et Michel Foucault, l’impersonnalité stylistique des années 60 et 70 et les phénomènes d’intériorisation apparus ensuite.

(2) Jeux d’exposition, Ecole Supérieure des Beaux Arts de Nîmes, 2011
Les Doubles Je(ux) de l’artiste, Publications de l’Université de Provence, 2011

(3) Richard Hamilton fut l’assistant de Duchamp à l’époque. Ils passèrent l’été 1975 à Cadaquès et Duchamp proposa à Hamilton d’exposer dans le café du village.
 

Exposition en collaboration avec le FRAC Languedoc-Roussillon et la Galerie Eva Meyer.

Partenaire média : www.paris-art.com

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