2021 - Collection en mouvement, Images en peinture, Tarnac

Les Petites Maisons

Place de l'Église, 19170 Tarnac

Exposition du 17 juin au 12 juillet 2021
Vendredi 18 juin à 18h : présentation de l’exposition par Yannick Miloux, Directeur artistique du FRAC-Artothèque

Avec les œuvres de :
Nina CHILDRESS, Cyril DURET, Joan RABASCALL.
Œuvres des collections du FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine.

Childress web2

Nina CHILDRESS, Sauna, 2020
Sérigraphie, 50 x 70 cm
Collections FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine
© Adagp, Paris
Photo : Frédérique Avril

Depuis l’invention de la photographie et sa diffusion toujours plus massive, on sait que la peinture a dû revoir son territoire de prédilection. Les longues heures de pose des modèles dans l’atelier furent remplacées par des séances de prise de vue, beaucoup plus économiques, et le genre du portrait, traditionnellement dévolu au peintre, fut détrôné par la photographie. Au cours du XXème siècle, la diffusion des images imprimées se déploya dans les journaux, les magazines, au service de la connaissance, de l’information et de la consommation. Les années 1960 et l’éclosion du Pop Art constituent une forme d’apogée, l’image médiatique devenant la source dominante de l’art de l’époque. Les techniques d’impressions (Warhol), les motifs de l’image tramée (Lichtenstein), les transferts d’images et d’objets dans la peinture (Rauschenberg) ont produits des œuvres emblématiques et déterminantes. Depuis cette période, la société globalisée n’a cessé de diffuser des images de plus en plus nombreuses et dématérialisées. Dans cette exposition, trois générations d’artistes se côtoient à travers des tableaux issus d’images médiatiques qui montrent des paysages, des portraits et des scènes d’intérieur, à savoir des genres bien établis dans la peinture classique.

Né en 1935 à Barcelone, Joan Rabascall s’est exilé à Paris à partir de 1962. Depuis le milieu des années 1960, Rabascall travaille à dévoiler les mécanismes de la fabrication de l’image et en particulier la manipulation de la représentation par les mass-media. Ses techniques de collage interrogent l’essence de la construction de l’image, offrant une relecture des images existantes en subvertissant leur contenu et leur contexte original. Les deux œuvres présentées sont issues d’un ensemble intitulé « La leçon de peinture, série brésilienne », basé sur des revues d’apprentissage de la peinture. Ici, des photographies de peintures, un portrait inachevé et un paysage simplifié, ont été tirées en quadrichromie sur toile et tendues sur châssis, tels des tableaux. Les cadres ont été ouvragés de façon ostentatoire (effet moucheté jaune et noir en contraste symétrique pour le portrait, véritables branchages sur la marie-louise du petit paysage) accentuant l’aspect concret des tableaux photographiques. Leur statut de tableaux fétichisés par le cadre personnalisé façonné par l’artiste nous renseigne sur une possible singularité obtenue à partir d’une reproduction. Comment redonner l’aura perdue à une reproduction d’œuvre d’art ? En customisant son cadre, semble nous proposer Rabascall. Sa proposition est d’autant plus troublante que les peintures reproduites ici sont des peintures d’apprentissage, des modèles à imiter.

Née en 1961, Nina Childress est familière de la peinture depuis son enfance. Dès la fin des années 1970, elle s’engage dans la musique comme chanteuse d’un groupe punk, Lucrate Milk, et dans la peinture au sein d’un collectif, les frères Ripoulin. Son parcours de peintre s’est développé de façon sérielle à partir de l’observation d’objets du quotidien et de leur rendu en peinture (série d’objets ménagers, de savons, de peintures floues…), et à partir d’une grande variété d’images imprimées, son matériau de prédilection. Elle précise ses motivations : « Je n’ai pas envie de m’embêter avec le dessin, je ne veux pas que mon style vienne du dessin. En copiant des photos, je ne fais que de la peinture, même abstraite. Je passe des images en peinture, j’en fais un tableau… Ce qui m’est propre, c’est le choix des photos et puis le choix de la manière de peindre. Mes modèles, on sait que ce n’est pas la réalité, on le voit à l’éclairage, à la composition. La photo (scan, impression…) est un matériau visuel, comme la couleur, auquel je donne une nouvelle visibilité ». Les tableaux présentés montrent la façon très subtile avec laquelle l’artiste superpose des images différentes, en sature les couleurs jusqu’à la fluorescence (« Bibliothèque »), les amalgame par l’huile en transparence (« le Barbu ») ou encore son attachement au rendu des défauts d’impression (« Chaise et post-it »).

Cyril Duret (né en 1993 à Nancy, vit à Paris) a été diplômé en 2013 de l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy où il fut l’élève de Nina Childress. Sans doute pour des raisons en partie autobiographiques, le jeune peintre a entrepris de réactualiser un genre pictural un peu démodé, le portrait mondain. Les personnalités qu’il choisit de peindre viennent, à l’origine, de son panthéon personnel (Françoise Hardy, Françoise Fabian, Henri Salvador, Jean-Christophe Averty…) et sont issues d’archives photographiques, de posters, de cartes postales. Un des tableaux présentés, « Mon oncle C. Jérôme à la moto », a une saveur particulière puisque le jeune Cyril Duret fut très marqué par la carrière de son oncle avec qui il eut une relation très forte. On perçoit le défi que constitue pour lui ce tableau dont la source est un poster de fan qu’il transforme, par la peinture, en image chargée d’affect. Depuis 2015, le jeune peintre a rencontré de nombreux écrivains, des journalistes, des musiciens, des artistes, des collectionneurs dont il a réalisé le portrait d’après photographie. Le tableau « Thomas Clerc, en son intérieur » est un portrait de l’écrivain dans son appartement parisien de 50 m2, un lieu d’importance puisqu’il lui a consacré l’intégralité d’un roman de 400 pages, « Intérieur », publié chez Gallimard en 2013.

Dans cette exposition, on trouve, chez Rabascall, des reproductions de peintures encadrées comme des tableaux et qui pourraient ainsi retrouver une partie de leur aura perdue. A l’inverse, chez Childress et Duret, les tableaux sont peints à partir d’images photographiées, tramées et imprimées, que la peinture se charge d’intensifier, de nuancer et transformer en vibrations colorées et en contrastes lumineux. En donnant corps, par la peinture, aux images reproduites, Childress et Duret nous invitent à ralentir, à être attentifs et à reconsidérer les nuances de nos sensations.

 

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