2018 - Collection en mouvement, Florent Contin-Roux, Saint-Martin-de-Jussac

Salle de la mairie de Saint-Martin-de-Jussac

Le bourg
87200 Saint-Martin-de-Jussac

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Exposition du 28 juin au 16 octobre 2018

Florent Contin Roux Ames
Florent Contin-Roux, Ames, septembre 2002
de la série : Landscape / Escape
Huile sur toile, 89 x 116 cm
Collection Frac Limousin / © : Florent CONTIN-ROUX / Photo : F. Le Saux


Œuvres de Florent Contin-Roux

Collections du FACLim, de l'Artothèque et du FRAC Limousin.

Six tableaux de paysages de Florent Contin-Roux

« Dans ma démarche, la photographie est la base de mon travail. Il s’agit de la première étape : une « note », une « esquisse » photographique par rapport au sujet. La peinture intervient ensuite comme un deuxième révélateur, elle me permet un apport subjectif, poétique ou conceptuel. Ce dialogue permanent entre les deux médiums a pour but d’en éprouver les limites, d’arriver à la rencontre la plus riche possible au service du sujet travaillé (souvent évoqué dans le titre de l’œuvre). »(1)

Florent Contin-Roux, né en 1975, est un peintre autodidacte qui vit et travaille à Limoges.
Son parcours artistique se développe depuis une quinzaine d’années sous forme de séries de tableaux et de peintures sur papier basées la plupart du temps sur des images photographiques projetées. Généralement, ses sources picturales proviennent de deux types d’images : en noir et blanc, ce sont des photos de famille, des images d’archives, des documents historiques trouvés dans les journaux ou sur internet ; en couleur, ce sont des photographies prises par lui, des paysages, des éléments d’architecture isolés dans la nature, des situations somme toute assez « banales », à la manière d’un touriste un peu désabusé. A partir de ces sources qui forment une sorte de banque d’images, Contin-Roux déploie différentes manières de peindre. A travers cette présentation de six tableaux de paysages réalisés sur une période de dix ans, nous souhaitons mettre en évidence l’évolution d’une partie de sa pratique picturale.

En 2002, Contin-Roux travaille une série de peintures intitulée « Landscape/Escape » (qu’on peut traduire par paysage/échappée) où il joue avec les mots d’une autre langue que la sienne pour évoquer le paradoxe du point de vue stable/instable qu’il suggère. Le tableau intitulé « Déplacement » superpose la sensation fluide d’un paysage flou à l’arrière-plan et des zones de peintures raclées à la surface de l’image. Cette double manière de peindre n’est pas sans rappeler celle de Gerhard Richter, immense peintre allemand contemporain qui mène depuis le début des années 1960 une recherche picturale paradoxale basée à la fois sur le photoréalisme et sur l’abstraction sous toutes ses formes. (1) Contin-Roux avoue volontiers sa dette à Richter : « La démarche de Richter a été déterminante pour mon travail, je mène aussi plusieurs recherches de front, à la différence qu’elles ont parfois lieu sur le même support, une façon de présenter plusieurs « réalités »… »(2)
La même année, en 2002, Contin-Roux réalise « Ames », un autre tableau à l’huile de même format appartenant à la même série. Sur un arrière-plan de paysage flou réduit à sa plus simple expression – les 2/3 supérieurs de la toile en blanc laiteux, le tiers inférieur en vert balayé latéralement et rapidement - on aperçoit au loin sur la ligne d’horizon, les lignes étirées de câbles électriques. Avec des gestes verticaux beaucoup plus marqués et circonscrits, l’artiste a superposé des rectangles de matière colorée à la surface de l’image peinte. Situées plutôt en périphérie du format, ces zones de matière peinte agissent comme des repères colorés, habiles mélanges de blanc cassé et de tonalités de verts et de roses, sur le fond verdâtre. Au centre du tableau, deux formes indéfinies aux tons violets semblent flotter, en suspension. Leur présence est d’autant plus crédible que leurs ombres portées apparaissent nettement, noires et étirées, en accord avec les règles de la perspective. Ces trois régimes de représentation superposés, paysage flou, peinture abstraite (et concrète) et formes illusionnistes, sont sans doute ce que l’artiste nomme des « réalités ». En plus de l’influence de Richter évoquée plus haut, on pense également à certains tableaux « métaphysiques » de Giorgio de Chirico ou à certains paysages « biomorphiques » du surréaliste Yves Tanguy.
En 2006, Florent Contin-Roux peint, entre autres, deux tableaux sur le thème du jardin (« Garden Party ») et des loisirs (« Camping ») qu’on peut envisager comme des variantes domestiques du paysage. Dans le premier, on observe que les éléments constitutifs du tableau se sont nettement densifiés. Le cadrage plus serré sur les arbres, la végétation et le mobilier de jardin donne une sensation d’image plus remplie, fourmillante de détails, même s’ils sont traités avec plus ou moins de précision. Au premier plan à droite, une chaise de jardin sort du cadre et peinte en blanc, comme en réserve, affirme un très fort contraste lumineux vis-à-vis du reste de l’image. Seul le bleu du ciel et l’arrière-plan lointain semblent calmes et apaisés. On remarque également que les différents gestes picturaux employés par l’artiste pour évoquer la densité de la végétation vont jusqu’à un expressionnisme dégoulinant. En utilisant volontairement une peinture très liquide, certaines touches dégoulinent à la surface du tableau. Comme un écho à ces zones de couleurs en suspension dans les tableaux évoqués précédemment, ces taches de peinture semblent cette fois baver sur l’image, comme pour en exagérer la condition.
« Camping » est un plus petit format réalisé la même année où l’artiste organise son tableau de manière très simple selon une diagonale qui part d’un morceau de ciel (avec deux poteaux électriques) en haut à gauche, traverse l’espace entre deux tentes de camping aux différents tons de gris et d’orange pour l’une, de bleu pour l’autre, jusqu’à arriver au bout d’un terre-plein plus clair où l’on remarque à nouveau une zone colorée grise à la surface de l’image. La densité de l’image obéit à une répartition comparable à celle de « Garden Party » : la moitié du tableau est occupée par différentes valeurs de vert qui contrastent avec des tons plus clairs - bleu délavé du ciel, valeurs de gris et de blanc émaillé d’orange et de bleu, zone beige du premier plan - habilement répartis en différents points du tableau.
« Dream 2 », format carré réalisé en 2010, est emblématique d’un moment particulier dans la démarche de l’artiste. Ce motif de la chaise de jardin en plastique a été étudié dans de très nombreuses peintures sur papier. Emblématique d’une société de loisirs et de surconsommation, le motif prend une place centrale dans le format et est traité avec une fluidité très subtile de tons blancs gris vert qui s’inscrit en parfait accord avec le fond, encore un paysage réduit à une expression sommaire, tout en balayages de nuances de bleu délavé pour le ciel et de verts modulés pour le sol. Les gestes souples du peintre donnent à l’objet un caractère évanescent, presque onirique, en parfaite résonance avec le titre.
Le tableau le plus récent de cette sélection, « Pollution 2 », fut peint en 2012. Dans un format standard d’un mètre carré, Contin-Roux s’attache une nouvelle fois au motif du paysage traité de manière générique. La répartition des valeurs s’établit ici de façon équitable entre le bleu modulé du ciel et la partie basse du tableau où sur une base plus sombre de gris, de bruns et de verts foncés sont dispersées différentes touches de vert, de rose et de bleu. On sent ici un réel plaisir de peindre, de distribuer les touches de couleurs vives selon une répartition qui pourrait sembler hasardeuse mais qui s’affirme au contraire parfaitement équilibrée si l’on considère la composition dans son ensemble. Notons le bel effet de cette double ligne d’horizon qui fabrique une forme de plan intermédiaire entre l’avant et l’arrière du tableau, entre le sol et le ciel. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes de trouver autant de qualités plastiques à un tableau dont le sujet est, comme son titre l’indique, la pollution.

Notes :
(1) Réponses de l’artiste à la question « Comment peindre après Picabia (le peintre de tous les styles successifs) et après Richter (celui de plusieurs styles menés de front) ? »
In journal de l’exposition « Photopeintries épisode 1 : comment peindre après Picabia et Richter ? » FRAC Limousin, 16 novembre 2007- 16 février 2008
(2) Ibid.

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